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Petite histoire des typographies célèbres

    Les polices d’écriture affichées par défaut dans la plupart des logiciels de traitement de texte ont toutes leur petite histoire et sont présentes dans des logos très connus.

    Bodoni et Didot : les reines de l’élégance

    La Bodoni a été créée en 1798 en Italie par Giambattista Bodoni et la Didot en 1784 par le Français Firmin Didot. Elles peuvent être confondues à cause de leur style si particulier : des empattements et des déliés très fins se mélangent à des pleins très épais (les différences se situent au niveau de l’épaisseur de certains traits et de l’encombrement). Cela leur donne une allure élégante et sophistiquée. Le monde de la mode ne s’y trompe pas, et vous pouvez retrouver ces deux polices d’écriture dans de nombreux logos de magazines de mode (Vogue, Elle, Harper’s Bazaar, Vanity Fair…), de marques de luxe (Dior, Giorgio Armani, Burberry…) ou encore pour représenter la série Sex and the City.

    À contre-courant, le groupe de grunge Nirvana a utilisé une version ultra condensée de la Bodoni pour son logo.
    Plus récemment, la comédie musicale Mamma Mia! a remis la Bodoni au goût du jour.
    L’utilisation quasi systématique du noir contribue au rendu sophistiqué de la Didot.
    Sex and the City fait exception et utilise le rose, pour affirmer le côté « girly » très en vogue au début des années 2000.

    Plus récemment, la marque Zara a changé de logo pour adopter ces codes en s’inspirant de la Bodoni et de la Didot ; une façon de redorer leur blason et tenter de faire oublier l’étiquette « fast-fashion » qui leur colle à la peau.

    Helvetica : une efficacité à toute épreuve

    Créée en 1957 par le typographe suisse Max Miedinger, la Helvetica est aussi neutre et intransigeante que son pays d’origine. Elle est connue de tous grâce à ses multiples déclinaisons, de la toute fine jusqu’à la très grasse. Très appréciée des graphistes, il faut lui reconnaître son efficacité et son intemporalité. Elle est encore très utilisée : logos en tous genres, publicités, affiches, couvertures de livres…

    Sa lisibilité et sa simplicité lui ont valu d’être choisie par de nombreuses villes pour les panneaux d’affichage de leur métro : Chicago, Boston, New York, Madrid, Vienne ou encore Prague. Elle est aussi la police d’écriture officielle de tous les documents du gouvernement du Canada.

    On peut également citer le logo des marques Mattel, BMW, The North Face, Toyota ou Scotch.

    En 1982, la Helvetica trouve une concurrente à sa taille avec la Arial. Cette dernière, similaire en tout point à la Helvetica, est une création de Microsoft qui l’impose par défaut dans ses logiciels. Il s’agissait de s’opposer à Apple, qui avait entre-temps acheté les droits de la Helvetica (le combat des titans avait déjà commencé).

    Times New Roman : la presse en raffole (vos comptes-rendus de stage aussi)

    La Times New Roman fait sa toute première apparition en 1932 en Grande-Bretagne dans les colonnes du journal The Times. Imaginée par le publicitaire Victor Lardent et le typographe Stanley Morison, elle a pour but de faciliter la lecture de ce quotidien très dense et de faire gagner de la place à l’ensemble du journal. Le Monde et le New York Times l’emploient également. 90 ans plus tard, elle est connue pour être la police d’écriture par défaut de nombreux logiciels de traitement de texte (dont Word jusqu’en 2007). Énormément utilisée, depuis les rapports de stage des collégiens jusqu’aux documents gouvernementaux les plus confidentiels, la Times New Roman peut néanmoins lasser.

    La Times New Roman a quand même réussi à séduire certains graphistes. Voici quelques logos connus qui en attestent :

    De nombreuses maisons d’édition font encore appel à cette typographie. Bien que simple, elle trouve son utilité pour les livres au format poche, comme elle a peut le faire dans la presse quotidienne, pour son gain de place.

    Futura : internationale et spatiale

    Futura est créée en 1927 par le graphiste allemand Paul Renner. Elle fait figure de pionnière de la typographie moderne, avec ses lignes épurées et géométriques. Même si son créateur n’en fait pas officiellement partie, Futura est rattachée au mouvement du Bauhaus. La police d’écriture rencontre un succès fulgurant dans le monde entier, mais l’élan est coupé net par l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne, qui la bannissent au profit des typographies gothiques. Futura revient en force à la fin de la Seconde Guerre mondiale, sa lisibilité séduisant toujours autant, et étend à nouveau son hégémonie sur le monde de la publicité, du cinéma (Wes Anderson en est friand), de la mode, des médias (RTL, FR3 et TF1), du sport (police d’écriture officielle des Jeux olympiques de Moscou 1980, pour lesquels une variante cyrillique est spécialement créée)…

    Les multiples déclinaisons de la Futura permettent des rendus radicalement différents.

    La Futura s’est exportée par-delà notre planète et peut se targuer d’être la seule police d’écriture connue sur la Lune. Entre 1969 et 1972, les véhicules lunaires transportés par les missions Apollo 11 à 17 emportaient avec eux une plaque commémorative destinée à être laissée sur le sol lunaire. Les signatures des astronautes étaient gravées dessus, ainsi que la date et le but des missions (« Nous sommes venus en paix pour toute l’humanité. ») dans la police d’écriture Futura.

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